Avec HORIZON 2020, les entreprises du BTP ont pu accéder à un nombre croissant de connaissances, de retours d’expérience et d’information passé au crible de l’expertise technique de l’OPPBTP. Grâce aux études et aux outils de l’Organisme sur des sujets phares tels que le risque amiante ou silice, c’est désormais toute la filière qui bénéficie de solutions concrètes pour agir en prévention, diminuer la pénibilité et améliorer les conditions du travail dans le secteur.
La campagne de mesurage d’empoussièrement Carto Amiante a révélé la capacité des branches du Bâtiment et Travaux Publics à travailler dans une logique de mutualisation et de partenariat sur un risque majeur du BTP, sous l’égide d’un acteur fédérateur : l’OPPBTP. Elle est une des réussites majeures du plan HORIZON 2020.
Lancé en 2014, Carto Amiante est un projet unissant la direction générale du Travail (DGT), l’OPPBTP, l’INRS et le réseau de l’assurance maladie. Objectif : proposer une prévention du risque amiante en sous-section 4 basée sur des processus de travail maîtrisés et des solutions opérationnelles simples. La démarche a d’abord consisté à conduire une vaste campagne de mesurage d’empoussièrement sur 632 chantiers de 168 entreprises qui se sont portées volontaires. dix-neuf référents amiante OPPBTP et 12 autres issus du réseau de l’Assurance Maladie se sont d’ailleurs mobilisés tout au long de la campagne pour veiller à son bon déroulement.
En 2016, un partenariat avec les bailleurs sociaux d’Île-de-France a boosté les mesurages. Un rapport présentant une première série de résultats et de préconisations sur six situations de travail est alors publié en octobre 2017. La campagne de mesurage Carto Amiante s’est ensuite poursuivie, conduisant à la diffusion, en avril 2019, d’une seconde série de résultats et de préconisations sur six nouvelles situations (le recouvrement de dalles de sol, le perçage de colle de faïence, etc.), soit un total de 12 situations présentées dans le rapport. En 2020, malgré la Covid-19, les mesurages ont pu reprendre en septembre, permettant la finalisation de quatre situations complémentaires. Ces nouveaux mesurages vont occasionner la mise à jour du rapport Carto Amiante prévue en 2021 et qui présentera donc 16 situations de travail. L’objectif initial de traiter un tiers des 42 situations de travail identifiées est donc atteint.
Carto Amiante et le site Reglesdelartamiante.fr sont, selon moi, un succès pour répondre aux besoins des entreprises.
Carto Amiante est très important pour que les entreprises puissent se rendre compte concrètement du danger de l’amiante.
Carto Amiante est une réussite dont l’OPPBTP a été reconnu le maître d’œuvre incontesté aux côtés des institutionnels.
La réussite de Carto Amiante réside dans l’approche collective menée avec l’ensemble des acteurs des branches du BTP.
L’existence d’une base de données de référence reconnue en France et en Europe, ainsi que la création de fiches pratiques pour mettre en œuvre des modes opératoires sûrs, apportent des bénéfices directs à l’ensemble de la profession. C’est d’ailleurs en décembre 2017, avec la publication d’une note officielle, que la DGT a mis le rapport issu de la campagne Carto Amiante au centre du dispositif de prévention contre les poussières d’amiante, en permettant aux professionnels de s’appuyer sur les valeurs d’empoussièrement relevées comme référence pour leur évaluation initiale des risques (estimation du niveau d’empoussièrement).
En outre, il y a tout lieu de se réjouir des résultats d’empoussièrement présentés dans ce rapport, reflet des améliorations des processus opératoires et des innovations techniques pour le traitement de l’amiante. Dans plusieurs cas, les mesurages montrent des processus maîtrisés, avec une absence ou quasi-absence de fibres qui pourrait légitimer d’intervenir sans protection particulière, si les écarts et les accidents sur processus pouvaient être exclus. Toutefois, en l’état des pratiques actuelles, il demeure préconisé de garder des protections adéquates, définies par l’employeur dans le cadre de son évaluation des risques, la protection de la santé des opérateurs devant toujours primer.
Aujourd’hui, Carto Amiante aide donc les entreprises à mieux évaluer le risque amiante et pouvoir recourir aux modes opératoires et équipements de protection les plus adaptés. Le rapport Carto a été téléchargé près de 4 580 fois sur le site Preventionbtp.fr.
Parallèlement, l’OPPBTP a lancé en décembre 2020, avec la participation active de la CAPEB et la FFB, la plateforme Reglesdelartamiante.fr (voir encadré ci-dessous). Celle-ci vise à diffuser largement les modalités d’intervention pour une cinquantaine de travaux d’entretien et de maintenance en présence de matériaux amiantés sur la base de pratiques reconnues, validées et adaptées à ce type de risque. Dix fiches sont d’ores et déjà finalisées et disponibles. Elles seront complétées au fur et à mesure de l’avancement des groupes de travail des professionnels.
Dans le cadre réglementaire existant, les règles de l’art amiante en sous-section 4 doivent conduire à une meilleure approche de ce sujet très complexe pour nos métiers. Les éléments mis à disposition vont faciliter cette prise en compte, mais ce ne sera vraiment efficace que si les entreprises sont sensibilisées et formées.
Dès 2017, dans le sillage de la dynamique engagée sur l’amiante, l’OPPBTP a lancé des études exploratoires sur la prévention des risques PMAi (Particules minérales allongées d’intérêt), silice cristalline et poussières alvéolaires. Celles-ci sont destinées à caractériser et à mesurer précisément ces particules classées cancérigènes par l’Union européenne pour réaliser des cartographies d’exposition au risque selon différentes situations de travail. En 2018 et 2019, l’Organisme est ainsi parvenu, dans le cadre d’un nouveau projet baptisé Carto Silice, à faire des mesurages sur 72 chantiers (34 chantiers de TP et 38 de bâtiment) et à délivrer les premiers résultats concernant 22 situations de travail. Ceux-ci ont démontré l’importance des moyens de protection collective et de la mise en œuvre de solutions simples (travail à l’humide, captation des poussières, etc.) pour protéger les compagnons exposés.
Au regard de son expérience acquise avec la campagne Carto Amiante, l’OPPBTP a été missionné par les directions générales du Travail, de la Santé et de la Prévention des Risques, pour engager une campagne similaire concernant les risques PMAi. Objectif : finaliser les protocoles de mesurage dans les matériaux et dans l’air, élaborer un cahier des charges techniques afférent et coordonner les campagnes sur le terrain. La validation de deux protocoles expérimentaux de mesurages en 2020 par les organismes scientifiques (BRGM, INRS, Cerema, INERIS, CSTB), les ministères de la Santé, du Travail et de l’Environnement, l’Anses et un expert indépendant a ainsi permis de lancer la campagne terrain, qui a débuté en février 2021 et devrait livrer ses premiers résultats avant fin 2021.
Depuis 2014, l’OPPBTP propose aux professionnels du BTP un outil d’évaluation des risques chimiques (EVRC) pour les aider à identifier et répertorier les agents chimiques dangereux présents dans l’entreprise, évaluer et hiérarchiser les risques associés, les accompagner dans la mise en place d’actions de prévention puis dans le suivi et la traçabilité des produits. Disponible sur Preventionbtp.fr, cet outil simple, basé sur la lecture des étiquettes présentes sur l’emballage, a été utilisé par 3 200 entreprises depuis sa création (dont 40 % de TPE). Cela a notamment permis à ces entreprises de réaliser 2 700 évaluations du risque chimique (EVRC) et d’enregistrer plus de 100 000 produits manufacturés utilisés dans le BTP.
Ces données seront utilisées pour déployer une stratégie de conseil en prévention du risque chimique plus pointue et plus proche du terrain au fur et à mesure de leur capitalisation. Néanmoins, devant la diminution progressive des EVRC réalisées par an et dans un objectif de meilleure réponse aux besoins des entreprises, un état des lieux des usages et des besoins a été engagé en 2020, et devrait mener, en 2021, à son actualisation. L’objectif est de créer de nouvelles fonctionnalités pour le rendre encore plus pratique et pouvoir aussi intégrer le risque lié à des produits et des agents chimiques dangereux non manufacturés comme les fumées de soudage par exemple.
Autres agents cancérigènes, les poussières de bois constituent un risque pour la profession. En partenariat avec l’institut technologique FCBA, l’OPPBTP s’est donc emparé de ce sujet en 2015 afin de permettre aux entreprises de déterminer, de façon autonome, le niveau d’exposition de leurs salariés aux poussières de bois et de prendre ainsi plus rapidement, et plus efficacement, les mesures de prévention nécessaires. S’est ensuivie, en octobre 2020, la parution d’un rapport Propobois qui présente les résultats d’une démarche de progrès proposant une autoévaluation sur la base d’une métrologie en temps réel.
Aujourd’hui, l’OPPBTP siège en tant que partie prenante dans 24 instances de normalisation. Il joue ainsi un rôle de promotion des principes de prévention bien en amont des chantiers et d’incitation des acteurs du BTP à prendre en compte cette dimension dans leurs cahiers des charges opérationnels. Outre sa participation à ces commissions, il participe à des groupes de travail avec les syndicats de métiers, les fabricants et les concepteurs pour explorer de nouvelles techniques, des modes opératoires innovants ou pour faire évoluer les équipements, en allant parfois chercher des solutions dans le secteur industriel. Fin 2020, l’Organisme a contribué à l’élaboration de 68 projets de norme sur des sujets tels que :
L’INRS et l’OPPBTP ont participé ensemble à l’élaboration d’un document normatif en se basant, entre autres, sur leurs propres ressources documentaires qui permet aux utilisateurs d’aborder efficacement et concrètement le choix, l’utilisation et l’entretien de protecteurs auditifs.
Pour faire face à la crise sanitaire de la Covid-19, les acteurs du BTP ont œuvré à l’élaboration, en une semaine, d’une nouvelle catégorie de masques. Ce document de spécifications permet de développer les essais et les marquages nécessaires pour garantir l’efficacité de la protection et rassurer le porteur du masque.
Après trois ans de travail, les experts sont parvenus à intégrer à la norme un amendement sur la prévention des risques électriques, notamment lors de travaux en tranchées à proximité des réseaux. Il crée une habilitation particulière baptisée BF-HF, destinée aux personnes exécutant des travaux en fouilles à proximité des réseaux électriques enterrés. Il modifie aussi l’habilitation électrique « BR » et définit les « modalités de formation à l’habilitation » des personnes dépêchées pour les travaux sous tension sur les installations électriques.
Cette norme complète la note technique de la DGT du 2 juillet 2020 sur l’amélioration de la conformité du parc de camions-bennes. Elle oblige constructeurs et loueurs à équiper leurs véhicules d’une alarme sonore et/ou visuelle lors de manœuvres, et d’un dispositif technique qui limite la vitesse en cas de ridelle ouverte. En outre, celle-ci s’applique non seulement aux nouveaux véhicules mais également au parc existant (retrofit).
Construire et diffuser auprès du plus grand nombre d’entreprises des solutions efficaces passent avant tout par l’observation. C’est le parti qu’a pris l’OPPBTP dans ce troisième programme d’HORIZON 2020, au cours duquel les études métiers et les Solutions Chantiers ont connu une belle dynamique.
Engagées en partenariat avec les organisations professionnelles, les études métiers reposent sur l’observation des opérateurs en situation de travail par des experts d’univers différents (médecin, ergonome, conseillers en prévention). Elles participent ainsi à identifier les condi- tions de travail les plus problématiques du secteur pour ensuite les améliorer.
La méthode consiste d’abord à observer et à prendre des mesures sur trois chantiers d’entreprises volontaires. Une analyse est ensuite effectuée par une commission rassemblant l’OPPBTP et le service de santé concerné avec pour objectif de transformer les constats réalisés en actions concrètes. Une fois les conclusions restituées et présentées aux partenaires et aux entreprises, celles-ci font l’objet d’un rapport diffusé sur Preventionbtp.fr afin qu’elles bénéficient à tous les acteurs du métier en question (voir page ci-contre).
Les veilles techniques terrain (VTT) servent à partager les pratiques efficaces ou pertinentes constatées par les conseillers OPPBTP lors de visites en entreprise et sur chantier, avec les autres conseillers, mais surtout avec les entreprises du BTP. Pendant toute la durée du plan stratégique, ils en ont produit 1 200 dont une sélection de 300 d’entre elles est actuellement disponible sur Preventionbtp.fr sous forme de Solutions Chantiers. En moyenne, celles-ci ont été consultées plus de 4 780 fois chaque mois en 2020, contre 2 540 en 2019 et 2 240 en 2018, ce qui démontre l’intérêt grandissant des professionnels pour ces contenus immédiatement applicables sur le terrain.
Les mesurages sur le terrain sont tout simplement indispensables pour les professions concernées.
Le succès des études métiers réside dans l’approche collective des acteurs.
À l’avenir, les études métiers pourraient se révéler un outil de prévention majeur.
Cette étude donne les clés pour agir sur l’organisation du chantier (formation au poste de coffreur-bancheur, travail des plans de rotations et préparation de chantier) et sur les outils (déplacement des équipements lourds, utilisation de détensionneurs de coffrage moins bruyants, besoins d’éclairage selon les moments de la journée, gestion des poussières et des déchets).
Les pistes d’amélioration révélées par cette étude sont la constitution d’un carnet de chantier sur l’organisation du poste du travail du maçon, la rédaction de cahiers des charges destinés aux fournisseurs, la définition de points de vérification pour les responsables de travaux, la promotion des bonnes pratiques et le développement de formations techniques.
Ce fascicule rappelle les standards du métier, propose une étude de marché des produits ou des services les plus adaptés ainsi que des pistes d’amélioration (table de travail aspirante, aspirateurs industriels, etc.). Des tests de matériels dans des conditions réelles (systèmes aspirants, produits antiprojection, disques à tronçonner, etc.) complètent cette étude.
Ce recueil rappelle les fondamentaux du métier en matière d’organisation de chantier, de cahiers des charges destinés aux fournisseurs de matériel et de précautions d’utilisation ou points de vigilance à ne pas oublier. Il aide aussi à diffuser les bonnes pratiques, compléter les tutoriels de formation et poursuivre leur promotion auprès des utilisateurs.
Cet ouvrage rappelle les règles de l’art relatives aux démolitions à l’explosif, afin de permettre aux acteurs de cerner les enjeux, les contraintes et les processus à déployer pour effectuer ce type de travaux dans les meilleures conditions, avec une sécurité maîtrisée.
Cette étude a permis d’identifier quatre leviers d’action pour améliorer les conditions de travail des étancheurs : les outils (utilisation de treuils, modification des chalumeaux), les matériaux (substitution du vernis, diminution du poids), la méthode (mécanisation de la manutention, préparation de chantier) et la main- d’œuvre (conditions d’hygiène, qualité des EPI).
Enfin, trois études sont au stade de l’observation pour les couvreurs avec l’UMGCCP, les plaquistes avec l’UMPI et les installateurs et équipementiers électriques avec le FFIE/Serce UNA 3E et la Fédération des Scop du BTP.
Parce que la prévention de demain s’imagine et se construit dès aujourd’hui pour les générations futures, l’OPPBTP explore les sujets innovants qui se révèlent actuellement dans le BTP et qui peuvent avoir des conséquences positives sur les conditions de travail des salariés du secteur. À l’ordre du jour : le BIM et le Lean Construction.
Sur le champ des techniques constructives, la Direction Technique de l’OPPBTP a publié en 2018 un ouvrage sur le BIM, outil de modélisation des informations et des données d’une construction tout au long de son cycle de vie. Basées sur de nombreuses analyses de cas et des suivis de chantiers, ces réflexions ont pour objectif la mise en évidence des bénéfices potentiels du BIM en prévention. Parmi eux, on peut citer par exemple la meilleure compréhension et visualisation des chantiers, la modélisation des opérations de levage et d’accès en hauteur, ou encore le contrôle des coactivités grâce à la 4D, etc. L’ensemble des conclusions de l’Organisme est à retrouver dans l’ouvrage BIM, un outil prometteur pour la prévention, téléchargé plus de 1 000 fois depuis le site Preventionbtp.fr.
Faisant suite au rapport d’étude édité en 2018 avec la FFB Nouvelle-Aquitaine, un second ouvrage de l’OPPBTP intitulé Lean Construction : une démarche favorable à la prévention vise à démontrer l’impact positif des principes fondamentaux de cette méthode sur la prévention et les conditions de travail, dans une optique de performance globale des chantiers. Cette vision de l’acte de construire en Lean Construction constitue une réelle innovation et rend son application opérationnelle, en associant les principes philosophiques et les outils dans une démarche intégrant la recherche de bénéfices pour les salariés.
Cette publication propose ainsi aux professionnels des solutions opérationnelles à mettre en œuvre à chaque étape d’une démarche Lean Construction pour qu’elle tienne compte le plus possible de leurs besoins, de leurs capacités et des enjeux. Celle-ci repose en effet sur huit principes fondamentaux : la transparence, les enjeux, l’engagement des acteurs, l’anticipation, la participation de tous, la valeur ajoutée, l’amélioration continue, le management visuel.
La maquette numérique offre de nombreuses opportunités qui évoluent avec l’usage que chacun en fait. Avec cet ouvrage, nous présentons aussi bien les utilisations du BIM déjà ancrées dans les pratiques de certaines entreprises que celles qui émergent et arriveront à maturité prochainement.
En tant qu’outil de modélisation de l’ouvrage et de traitement des informations, le BIM optimise la réalisation, facilite l’exploitation et anticipe les difficultés, comme le montrent les travaux de l’OPPBTP sur le sujet.
Grâce aux études menées sur chantier, nous avons constaté qu’une mauvaise gestion des flux par exemple influe sur les accidents (chute de hauteur, de plain-pied, etc.). Le Lean Construction permet de les sécuriser en prenant en compte les déplacements des hommes, des matériels et des matériaux, ce qui concourt ainsi à la diminution de l’accidentologie dans le BTP.
