Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en cinq ans, un nombre croissant d’entreprises s’est mobilisé et engagé en prévention, stimulé par ce premier pas que constituent l’évaluation des risques et le plan d’action. Une dynamique largement soutenue par le déploiement d’un message positif qui associe la prévention à la performance. Avec HORIZON 2020, l’OPPBTP a conduit les entreprises à porter un regard positif sur ce sujet et à développer ainsi leur culture prévention.
La volonté de l’OPPBTP de concentrer une partie de ses ressources sur des cibles précises et des risques majeurs, pour une efficacité renforcée dans la prévention des risques, a pris forme, avec le réseau Cnam, dans la mise en place d’une vaste campagne d’information et d’actions terrain sur les risques de chutes de hauteur.
Les chutes de hauteur constituent la principale cause d’accidents graves et mortels dans les activités du BTP (deuxième poste en nombre d’accidents du travail, premier pour les décès). L’ensemble des acteurs de la prévention, le ministère du Travail, la Cnam, l’INRS, la MSA (Mutuelle sociale agricole), le RSI (Régime social des indépendants), la CNRACL (Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales) et l’OPPBTP se sont engagés dès 2014 dans une campagne nationale de sensibilisation coordonnée, baptisée « Travaux en hauteur, pas droit à l’erreur » à l’intention des chefs d’entreprise et maîtres d’ouvrage pour qu’ils prennent mieux en compte ce risque dans leurs opérations. Plus de 40 000 professionnels du BTP ont participé aux 2 100 réunions d’information organisées.
En parallèle de cette sensibilisation à grande échelle, la Cnam et l’OPPBTP ont conçu une campagne terrain en quatre temps (diagnostic, restitution, plan d’action et accompagnement) auprès d’acteurs soumis à ce risque, à savoir les entreprises de 20 à 49 salariés exerçant dans des activités telles que la couverture, la maçonnerie, la menuiserie et la charpente.
Entre 2015 et 2020, les entreprises sont donc passées à l’action, accompagnées par les conseillers de l’Organisme qui ont apporté leur savoir-faire en termes de diagnostic, de pédagogie et de solutions applicables sur chantier et/ou dans l’entreprise. Ainsi, 46 % des entreprises ciblées ont été diagnostiquées et 1 155 d’entre elles accompagnées. Sur l’ensemble de la période, les conseillers ont réalisé 9 588 actions de conseil, 1 211 actions structurantes (démarches d’accompagnement et contrats d’accompagnement) et 4 646 actions de formation permettant de réduire les risques de chutes (3 529 participants sur 418 sessions de formation).
La campagne travaux en hauteur nous a permis de dégager deux pistes d’amélioration : l’installation de tours pour les accès en toiture et de filets périphériques pour la protection bas de pente. Nous avons aussi convaincu nos fournisseurs et nos soustraitants, spécialisés dans la pose et l’étanchéité, de réaliser les investissements nécessaires pour mieux travailler ensemble. Les réticences initiales ont rapidement disparu pour laisser place à un sentiment de sécurité accrue.
Dans un premier temps, nous avons organisé avec notre conseiller OPPBTP des visites sur plusieurs chantiers. À partir de là, nous avons déterminé nos priorités d’action, ce qui nous a conduits à équiper nos banches d’accès par échelle ou par trappe et à investir dans de nouvelles plateformes de travail en encorbellement.
Cette première campagne a permis d’amorcer une dynamique positive qui a ouvert la voie à une seconde phase en 2019. L’OPPBTP et la Cnam ont décidé de renouveler leur convention de partenariat afin de poursuivre et de renforcer leurs actions de mobilisation entamées avec les entreprises jusqu’en 2022 sur le risque de chutes de hauteur. Cette campagne s’enrichit, dans ce deuxième temps, de nouvelles cibles, telles que les entreprises de charpente-couverture de 10 à 49 salariés et les peintres-vitriers de plus de 20 salariés réalisant des travaux sur façade.
Sur le terrain cependant, les conseillers rencontrent parfois des difficultés à mobiliser des cibles déjà sollicitées lors des années précédentes. Une fois le dispositif terminé en 2022, un bilan plus exhaustif permettra de tirer des enseignements sur son efficacité. L’OPPBTP s’interroge notamment sur la gestion au long cours d’une campagne étalée et diluée dans le temps. Une piste d’amélioration pourrait être d’évoluer vers un principe d’actions plus courtes et plus fréquentes pour une mobilisation plus dynamique.
Les entreprises, des plus petites aux plus grands groupes du secteur, ainsi que les profils clés de la prévention comme les coordonnateurs SPS, ont bénéficié, de la part de l’OPPBTP, d’un accompagnement adapté à leurs besoins. Cette approche ciblée des actions conduite dans le cadre d’HORIZON 2020 a été saluée par l’ensemble des acteurs des branches du BTP.
Une des missions essentielles de l’OPPBTP est de venir en aide aux entreprises du BTP en situation d’urgence, c’est-à-dire en situation de risque avéré sur un chantier ou en situation d’accident grave ou mortel. Pendant les cinq années du plan stratégique, 60 % des situations d’urgence recensées ont concerné des accidents graves ou mortels, 40 % des situations de risques avérés. Pour les situations en lien avec un accident grave ou mortel, chaque fois que cela était possible, le conseiller a aidé l’entreprise ou son CHSCT/CSE à en faire l’analyse pour identifier les causes profondes et définir les actions correctives à mettre en place pour les éliminer.
Parmi les entreprises qui ont sollicité l’aide de l’OPPBTP, environ 15 % d’entre elles ont souhaité être accompagnées pour mettre en œuvre une démarche de fond et adopter de nouvelles pratiques en prévention, efficaces sur le long terme.
Celle-ci a consisté en la réalisation d’un diagnostic pour mettre à jour leur DU et le plan d’action associé. Cet accompagnement personnalisé s’est ensuite poursuivi avec la formation des managers et des compagnons à la prévention des risques identifiés.
Les instances représentatives du personnel ont un rôle essentiel à jouer dans l’identification des risques, notamment par les constats effectués sur le terrain, ainsi que dans leur prévention. C’est pourquoi, dès 2016, l’OPPBTP leur a créé un espace dédié sur le site Preventionbtp.fr, où les membres ou présidents peuvent retrouver documents et outils à télécharger.
Or, l’année 2018 a été marquée par l’évolution de la législation et par la naissance d’une nouvelle instance, le conseil social et économique (CSE) qui se substitue à toutes les autres (DP, comité d’entreprise et CHSCT).
Pendant la période de transition, les CSE ont pu compter sur le soutien de l’OPPBTP qui les a accompagnés pour acquérir la formation nécessaire à l’accomplissement de leurs missions de prévention au sein de leur entreprise. Une nouvelle offre d’information, avec La Lettre des CHSCT/CSE du BTP, et des formations fondées sur des mises en situation concrètes et interactives, ont également vu le jour. L’Organisme a ainsi continué à être identifié comme un interlocuteur prévention pertinent au sein de ces instances, même s’il a participé à moins de réunions, celles-ci ayant besoin de temps pour se (re)construire (voir fig. ci-contre).
De la même façon, cette période a été marquée par une diminution de la demande en formation, atteignant 40 % en 2018. Celle-ci a cependant été relancée dès 2019 et a connu un pic important en 2020. Au total, 3 020 stagiaires ont été formés, dont près de 1 360 rien qu’au cours de cette dernière année du plan.
Le bilan des actions menées sur ces cinq dernières années à destination de ces instances a montré que des marges de progrès étaient possibles. Il a notamment mis l’accent sur la nécessité de renouveler et de clarifier l’offre de l’OPPBTP pour prendre en compte à la fois leur évolution, leurs besoins en prévention, mais aussi pour être plus efficace dans ses interventions. Ce point fera l’objet d’une attention toute particulière de la part de l’Organisme dans son prochain plan stratégique.
Dans un premier temps, nous avons organisé avec notre conseiller OPPBTP des visites sur plusieurs chantiers. À partir de là, nous avons déterminé nos priorités d’action, ce qui nous a conduits à équiper nos banches d’accès par échelle ou par trappe et à investir dans de nouvelles plateformes de travail en encorbellement.
La position de la maîtrise d’ouvrage dans la chaîne de valeur de la construction confère à cet acteur un rôle clé dans la diffusion de la prévention à grande échelle. C’est pour répondre à cet objectif clairement identifié dans le plan HORIZON 2020, que l’OPPBTP a choisi d’être présent auprès d’entreprises publiques ou industrielles de premier ordre, telles que GRT Gaz, EDF ou SNCF Réseau.
Par exemple, la convention signée en 2019 avec le Syndicat des entrepreneurs de travaux de voies ferrées de France (SETVF) consiste à mettre en adéquation les attentes de la maîtrise d’ouvrage SNCF Réseau avec les pratiques des sous-traitants qui sont ainsi vivement encouragés à faire de la prévention une priorité (voir encadré).
L’OPPBTP a également travaillé sur les fondamentaux de la prévention en construction de maisons individuelles entre 2019 et 2020, ce qui a donné lieu, en novembre 2020, à la publication de l’ouvrage Construction de maisons individuelles. Une prévention performante pour des chantiers réussis - Guide de bonnes pratiques en prévention des risques professionnels, édité avec Pôle Habitat-FFB, le réseau de l’assurance maladie, les Scop, la FFB et la Cnam. S’ensuivront des actions partenariales avec le syndicat Pôle Habitat-FFB, notamment en région, dès 2021.
Par le nombre de salariés qu’elles rassemblent, de sous-traitants qu’elles coordonnent et d’intérimaires qu’elles sollicitent, les grandes entreprises du BTP constituent un élément essentiel du secteur, notamment dans la diffusion des bonnes pratiques en prévention.
Dans la continuité d’actions similaires menées précédemment, l’OPPBTP a donc cherché à développer les conventions avec ces majors, tant sur le plan national que régional, pour renforcer les initiatives qu’elles menaient déjà sur leurs chantiers. Cela s’est traduit par une augmentation régulière du nombre de participants aux journées sécurité tout au long des cinq années du plan stratégique HORIZON 2020 (voir figure ci-dessous).
Ce rôle central joué par les grands groupes, l’OPPBTP en a fait une des pierres angulaires de sa stratégie de diffusion en cascade des messages de prévention.
En 2018, l’Organisme a notamment accompagné EGF.BTP (Syndicat national des entreprises générales françaises de BTP) et l’ASE BTP (Association des préventeurs des entreprises du BTP) dans la définition d’un référentiel minimal à déployer auprès des intérimaires, donnant ainsi naissance au premier Passeport Sécurité Intérim national (PASI). Celui-ci s’obtient après une formation de deux jours sur les risques génériques du BTP et la réussite du test correspondant.
Très actifs au sein de leurs organisations, les préventeurs et animateurs sécurité des grandes entreprises agissent au quotidien afin de faire progresser la prévention.
Pour les soutenir dans leurs actions et les accompagner au mieux dans leurs missions, l’OPPBTP a conçu, développé et enrichi toute une offre d’outils, de contenus et d’information à leur intention, disponible sur le site Preventionbtp.fr.
Cette démarche structurée a d’ailleurs conduit à un partenariat avec l’ASE BTP, association avec laquelle l’Organisme a récemment élaboré une formation spécifique aux grands groupes pour qu’ils soient en mesure de s’assurer du respect des bonnes pratiques par leur sous-traitant en cas d’intervention sur le lot amiante d’un chantier en cours.
Enfin, chez les majors du BTP, la prévention des risques s’appuie majoritairement sur une approche managériale, souvent soutenue par un système de management de la santé et sécurité au travail. Ainsi, leurs axes de progrès en prévention sont très différents de ceux de la plupart des entreprises du secteur.
C’est donc fort de ce constat que l’OPPBTP s’est tourné vers l’ICSI (voir p. 43), un institut qui œuvre depuis 2003 à l’émergence d’une culture sécurité dans le milieu industriel, pour construire une démarche similaire propre aux métiers du BTP.
Après une phase d’observation de leurs pratiques de diagnostic, une convention de partenariat a vu le jour avec pour objectif de décliner, auprès des grandes entreprises intéressées, les méthodes déjà éprouvées de l’Institut. Une démarche, en ce sens, gagnante pour l’OPPBTP, mais également pour l’ICSI qui appréhende désormais mieux les spécificités du BTP. Afin que l’ensemble des entreprises puisse bénéficier de cette méthode innovante, l’OPPBTP a également décidé de l’adapter à de plus petites structures.
C’est ainsi qu’en 2019 est né le diagnostic simplifié, plus adapté aux entreprises de moins de 200 salariés et directement réalisable par les conseillers formés à la méthode.
Tout au long du plan quinquennal, les relations qu’a entretenues l’OPPBTP avec l’ICSI se sont donc révélées extrêmement fructueuses. En complément de ses recherches et études personnelles sur le sujet, l’Organisme a réussi en effet à insuffler ces concepts déterminants dans le développement d’une culture prévention à chaque niveau de son offre de services à destination de toutes les entreprises, quelle que soit leur taille.
Dans le cadre de la politique déployée avec HORIZON 2020, l’OPPBTP a participé à deux actions phares pour replacer le coordonnateur de sécurité et de protection de la santé (CSPS) comme un acteur essentiel de la santé et de la sécurité lors des opérations de BTP.
Ces dernières années ont d’abord permis de finaliser la mise en place de clubs SPS dans chaque région. Ceux-ci se réunissent trois fois par an pour échanger, recevoir des informations et réaliser des retours d’expérience à travers des exemples de bonnes pratiques rencontrées sur le terrain et la gestion de situations de coordination particulières.
Au total, depuis 2016, 237 réunions se sont tenues dans tout l’Hexagone, avec une moyenne de 18 participants chacune. D’une manière générale, le nombre de participations n’a cessé d’augmenter (voir figure ci-dessus). Elle a même explosé avec la Covid-19, ce qui prouve bien l’intérêt des CSPS porté à ces rencontres.
À la suite d’une étude menée auprès de 300 CSPS, l’OPPBTP a accompagné 11 organismes de CSPS représentatifs de la profession à la conception d’un livre blanc au bénéfice de tous les acteurs de la construction.
Publié en 2018 et diffusé par le réseau des CSPS, celui-ci dresse un état des lieux de la fonction, recense les bonnes pratiques en matière de coordination SPS et formule douze recommandations en réponse à quatre enjeux identifiés.
L’Organisme, quant à lui, assure la promotion de ces recommandations au travers des clubs CSPS animés en région (voir encadré ci-dessous) et continue d’animer les groupes de travail pour la concrétisation de ces recommandations.
La démarche a été particulièrement plébiscitée par l’ensemble de la filière et saluée par la direction générale du Travail (DGT) lors du bilan des 25 ans de la coordination SPS qui se sont tenus en mars 2019.